samedi 7 juillet 2012

Bibliothèque d'Alexandrie: où se situe la vérité?

Cris d'orffraies chez les musulmans: "non, ce ne sont pas les Arabes qui ont brûlé ce qui fut la plus grande et le plus riche des bibliothèques de l'époque".


Cette destruction a tout d'abord été attibuée à Jules César en 48 avant JC (ce ne serait qu'un mythe provenant de la confusion des récits historiques sur les événements), ensuite on dit qu'elle fut incendiée durant la guerre entre l'empereur Aurélien et Septima Zénobie, impératrice de Palmyre. D'autres récits disent que l'empereur chrétien Théodose 1er fit fermer le temple de Sérapis (Sérapeion) et fit brûler, à l’instigation du patriarche Théophile, tous les manuscrits non conformes à la foi chrétienne.


Nous avons d'autres récits plus récents, ils nous ont été laissé  par un chrétien et 3 musulmans:
- 1 ° Le chrétien Abul Faradj, évêque d'Alep, rapporte en 1286 que, lorsque les Arabes s'emparèrent d'Alexandrie en 642, la bibliothèque fut livrée aux flammes par l'ordre de leur chef Amrou ibn al-Asi. Celui-ci ayant consulté le calife Omar 1er * eut cette réponse: "S’ils sont conformes au coran, ils sont inutiles, s’ils sont contraires au coran, ils sont pernicieux. Donc il faut les détruire". En conséquence, conclut Abul Faradj, Amrou ibn al-Asi fit distribuer les manuscrits dans les bains d'Alexandrie et ils servirent de combustibles durant 6 mois.
- 2° Abd al-Latifal al-Baghdadi, célèbre médecin, historien et égyptologue arabe, mentionne dans un de ses ecrits daté de  1203 "la ibliothèque que brûla Amrou ibn al-Asi avec la permission de Oumar".
- 3° Ibn al Kifti, historien arabe auteur d'une "Histoire des philosophes", rapporte  dans son livre écrit après 1227 que Yahya an-Nahawi décrivit à Amrou, le général arabe conquérant de l’Egypte, les trésors littéraires contenus dans la bibliothèque d’Alexandrie, et que celui-ci en fut émerveillé : « Il m’est impossible, dit-il, de donner aucun ordre à ce sujet, avant d’avoir l’autorisation du chef des Croyants Oumar ibn al Hattâb * . Il écrivit donc à Oumar, lui rapportant le récit fait par Yahyâ et lui demanda ses instructions à ce sujet. La réponse qui lui parvint de Oumar était ainsi conçue : « Pour les livres dont tu nous as parlé, s’il y trouve quelque chose qui soit conforme au livre de Dieu (le coran), le Livre de Dieu nous permet de nous en passer : s’il y trouve quelque chose qui lui soit contraire, ils sont sans utilité, procède donc à leur destruction.» Amrou les répartit entre les bains d’Alexandrie et les fit brûler dans les chauffoirs. On m’a dit le nombre des bains qui existaient à cette époque, mais je l’ai oublié. On dit qu’ils en furent chauffés pendant six mois. Ecoutez cette aventure et admirez ».
- 4° Et enfin, ibn Khaldoun relate les faits de la façon suivante :
« Que sont devenues les sciences des Perses dont les écrits, à l’époque de la conquête, furent anéantis par ordre d’Omar ? Où sont les sciences des Chaldéens, des Assyriens, des habitants de Babylone ? […] Où sont les sciences qui, plus anciennement, ont régné chez les Coptes ? Il est une seule nation, celle des Grecs, dont nous possédons exclusivement les productions scientifiques, et cela grâce aux soins que prit El-Mamoun de faire traduire ces ouvrages.
[…] Les musulmans, lors de la conquête de la Perse, trouvèrent dans ce pays, une quantité innombrable de livres et de recueils scientifiques ; [leur général] Saad ibn Abi Oueccas demanda par écrit au khalife Omar ibn al-Khattab s’il lui serait permis de les distribuer aux vrais croyants avec le reste du butin. Omar lui répondit en ces termes : “Jette-les à l’eau ; s’ils renferment ce qui peut guider vers la vérité, nous tenons de Dieu ce qui nous y guide encore mieux ; s’ils renferment des tromperies, nous en serons débarrassés, grâce à Dieu !” En conséquence de cet ordre, on jeta les livres à l’eau et dans le feu, et dès lors les sciences des Perses disparurent. » (Prolégomènes, 3e partie, éd. Quatremère, trad. de Slane, p. 89-90 et 125).


Selon ces 4 personnalités, le sultan Omar donna l’ordre qu’on se serve des documents en guise de combustible pour alimenter les chaufferies des étuves et "il fallut six mois pour brûler l'ensemble de ce que renfermait cette bibliothèque. Seuls les livres d’Aristote furent épargnés et probablement transcrits par les Arabes nous sont en partie parvenus". Cette version est aujourd'hui très largement réfutée par les musulmans. Pourtant, comme on vient de le voir, les tenants de cette destruction faite par des musulmans sont un chrétien de Syrie et 3 grandes figures arabo-islamiques, historiens et savants réputés, dont l'incontournable et incontestable ibn Khaldoun.


Même si la plupart des historiens modernes nous disent que "lors de la prise d’Alexandrie par les Arabes en l'an 642, la bibliothèque d'Alexandrie n'était plus qu'un mythe", tous conviennent qu'elle a bel et bien fourni les étuves en combustible pendant 6 mois. Cette contradiction ne leur saute donc pas aux yeux? Pour ma part, j'y vois plutôt la volonté de protéger une certaine communauté.


* calife Omar ou Omar 1er ou Oumar ibn al Hattâb : compagnon et ami de Mahomet, successeur d'Abou Bakr (le premier calife des musulmans et le père de Aïcha).

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